°oO Naissance de Zoé Oo°
Ma petite Zoé, tu es née le mercredi 23 juillet 2014, à la Villa TongaSoa, à Madagascar. Et ça tombe bien, parce que Tonga Soa (dire 'tonga sou'), en malgache, ça veut dire bienvenue...
Pour se rappeler ce jour important, et pour ajouter à tous les émouvants récits de naissances que j'ai lu en t'attendant, voici à mon tour le moment de raconter ce moment fort en émotions pour ta maman et ton papa, et pourtant si normal, si simple...
Tonga Soa, nous sommes désormais au bord du lac de Mamamba, entourés d'un jardin de végétation tropicale. A part les bambous, les bananiers et les bougainvillers, je ne connais pas encore les noms de tout ce qui foisonne autour de moi, et qui abrite oiseaux et caméléons.
Tu es née jour pour jour à ton terme, et je me doutais que tu arriverais ce mercredi. J'avais lavé mes cheveux juste avant; je voulais que ce soit l'après-midi, pour avoir le temps de prendre des forces avec une bonne grasse matinée, et quand je me suis réveillée, à 14h, c'est là que j'ai commencé à perdre les eaux... J'ai appelé ton papa à son travail, je n'étais pas sûre que ce soit ça, et je ne voulais pas qu'il revienne pour rien, mais je le préviens quand même au cas où... Et puis j'essaie de me recoucher (la grossesse a fait de moi une énorme dormeuse... une maman marmotte...) mais non, ça ne sera pas possible, je recommence à tremper le lit. Bon, et bien cette fois je crois que c'est bon! J'envoie un sms à Wami: "Perdu les eaux: ça, c'est fait!!!" Réponse: "J'arrive de suite!!!". Son patron et collègues étaient prévenus depuis un moment qu'il pouvait partir à tout instant. Presque aussitôt, tu me donnes trois coups de pieds à la fois, comme un 'Toc toc toc, coucou, je peux sortir?' ça aussi, je l'envoie en sms à ton Papa. Oui petite fille, tu peux sortir, nous sommes prêts à t'accueillir...
Alors ton Papa rentre de la capitale à moto, prend des fruits et provisions au passage. Moi, je sors dans le jardin pour faire mes dernières photos avec toi dans mon ventre... un paréo noué autour, pour ce dernier jour enceinte... Je n'ai pas trop envie que tu sortes, je suis bien, comme ça, même avec ma démarche gracieuse de maman pingouin, depuis des semaines... Même à ne jamais pouvoir me relever toute seule, coincée sur le dos, obligée d'envoyer des sos de baleine échouée à ton papa...... Je suis toutes les mamans à la fois: baleine, pingouin, marmotte... Et puis je ne veux pas que tu sortes parce que j'ai un peu peur, aussi... Mais pour le moment tout va bien.
Je prends mon repas au salon, et là les contractions commencent. J'attaque même fort, à 5 minutes direct, il est 15h. Un technicien vient d'arriver pour brancher internet, je continue mon repas, entre les contractions; j'ai mal, je ne m'occupe de rien, c'est notre dame à tout faire qui gère. Puis c'est une amie qui arrive, envoyée par le Wami. Elle est enceinte de sept mois, elle a déjà 3 enfants et me rassure, même avec ses trois enfants, ça fait toujours peur. Bon, au moins je suis normale!
Pour moi, ça commence à faire trop de monde, je voulais être tranquille, seule avec ton Papa, je m'exile donc dans la chambre, le chauffage monté à fond. Ton Papa arrive, il me ramène le gros ballon de gymnastique bleu, on le coince entre le lit et le mur. Assise sur cette grosse bulle bleue, je soulage les vagues de contractions suivantes. Pour le moment, ça fait mal, certes, mais entrainée avec toutes les crises de tourista depuis que je suis à Madagascar, ça ne fait pas plus mal. Jusque là, je me dis encore, tout va bien...
Les sages-femmes arrivent à côté, deux, je n'ai pas besoin d'elles, mais un peu plus tard, par curiosité, pour voir où j'en suis, je demande à ton Papa d'en faire entrer une. Elle m'examine rapidement et me dit que, et bien, je suis déjà dilatée à fond. Si je veux, je peux pousser... ça a été rapide! Malheureusement, à partir du moment où j'en fais entrer une, pas moyen de me mettre dans ma bulle comme il faudrait, et tout ralentit, je suis dilatée ok mais bébé n'a pas encore envie de sortir, je n'ai pas l'ocytocyne qu'il faut parce qu'on me dérange, et la sage-femme me fait pousser pour rien (en réalité, ce n'est même pas nécéssaire de pousser quand on est concentré et pas dérangé), et je m'épuise alors que je devrais me faire confiance, rester toute seule et laisser venir. Mais bon, cela est fait, ça se passera comme ça! Autre chose qui m'énerve, la sage-femme me casse sans cesse les pieds pour que je m'allonge sur le dos, alors que je gère mes contractions assise sur le bord du lit, puis accroupie tenue derrière par le Wami. Elle dit qu'il faut que je m'allonge pour l'aider à voir le bébé, mais qui est censé aider qui??? Avec tous les livres qu'on a potassé avec le Wami, et les témoignages lus et entendus, nous savons, je sais, depuis longtemps que la position allongée est la pire de toutes pour accoucher, autant pour la maman que pour le bébé. Mais les docteurs l'imposent pour une seule raison, c'est plus confortable pour eux. Mais qui est-on censé aider, la maman ou le docteur? Le confort de qui est-on censé privilégier, celui de la maman ou du docteur? Bref, elle est gentille donc je ne dis rien mais elle m'énerve quand même. A un moment, je finis par accepter pour voir, et quand la contraction arrive, c'est une horreur!!! Je souffre une douleur terrible et sur le dos, impossible de la gérer et supporter! Tu m'étonnes que comme ça les femmes demandent des anesthésies!! Et je ne peux même pas bouger pour me remettre dans ma position à moi... Dès que ça finit, je me remets vite assise sur le bord du lit, on ne m'y reprendra plus (pourtant elle insiste encore), prête pour m'accroupir pour la prochaine. Et entre deux, pour me reposer, je pose ma tête sur une énorme pile d'oreillers à coté de moi, que je peux aussi prendre dans mes bras. Autre objet ami pratique (si ça peut donner des idées), une simple chaise de bureau roulante et tournante. Elle est devant moi et je peux me caler dessus, poser ma tête, elle est moletonnée... La sage-femme me demande aussi de ne pas crier (ah mais quelle pénible!), mais rien à faire, je m'en fiche, moi j'ai besoin que ça sorte, oui c'est le cas de le dire!! Alors on m'a surement entendue jusqu'à l'autre bout de la résidence, surtout à la fin, je crois que c'était 22h30; je vois ta tête de cheveux noirs qui sort, et puis tout toi, oui tu es enfin là, toute longue et fine et rouge, moi je suis épuisée, vidée sans forces, j'ai donné tout ce que j'avais, surtout sur la fin, quitte à en mourir, fallait que tu sortes!! On t'enroule d'une serviette car c'est quand même l'hiver et tu es posée sur mon ventre. J'ai un peu du mal à réaliser, et je suis très fatiguée surtout. C'est mon bébé à moi, toute une histoire, il me faudra un peu de temps pour réaliser tout cela, et puis tout s'est passé si normalement, si simplement, c'est fait, voilà...
La suite je l'aime moins, je découvre que les contractions continuent pour se débarasser du placenta, première nouvelle, alors je souffre encore jusqu'à deux heures du mat'. J'en ai marre, je suis épuisée et je veux que les contractions s'arrêtent, je veux dormir, alors j'accepte que les sages-femmes s'en occupent au lieu d'attendre simplement. Ca fait un mal de chien, y'a du sang partout (moi qui panique pour une simple égratignure, je ne suis pas gâtée...), c'est franchement horrible. Heureusement, ça finit par finir, je vous épargne les détails. Mais une chose est sûre, je n'aurai jamais le courage de recommencer... Ce qui me rend très triste, car je voulais déjà une petite soeur pour ma princesse, et puis j'ai tellement aimé être enceinte! Je suis dégouttée... Et puis les contractions, ce n'est pas fini... Je découvre qu'il y en a encore, toute la nuit, pour que l'utérus reprenne sa place... Je suis épuisée, et paralysée toute la nuit car j'ai forcé tout ce que je pouvais pour mes muscles.
Je vais passer tous les jours suivants au lit, et c'est toi qui me rejoins dès que tu es réveillée. Le grand lit se transforme en lieu de vie, parsemé de biberons, de bavoirs, de trucs à lire, de fruits à manger, d'un Wami, d'une nouvelle maman toute fière, et d'un petit bébé à couvrir de bisous... Tu es là, tu es ma petite fille à moi, précieuse (d'autant plus que je ne recommencerai pas, snif), petit miracle de la vie, avec tes petites mains, tes petits pieds, que je désemmaillotte dès qu'on te ramène, toute mommifiée qu'on t'a fait, moi j'ai envie de te voir, de t'admirer, de te bisouiller, et c'est bien ce que je fais! Mon petit bébé tout précieux, ah que je suis fière et que je t'aime! Tu es belle, avec tes yeux noirs en amande et tes cheveux noirs, un peu rouge comme une framboise les premiers jours, petit fruit à croquer, toute mignonne que tu es, et sage comme une image, tout le monde le dit; les yeux bien ouverts, on voit déjà que tu réfléchis... Comme j'aimerais savoir à quoi tu penses, ce que tu regardes, à gauche, à droite...!
Ma petite fille, Tonga Soa! Bienvenue sur notre belle Planète Terre, que j'ai hâte de te faire découvrir et aimer, ainsi que ton grand Créateur, auteur merveilleux de ce cadeau précieux... Oui petite Princesse de la Terre, la fille de la fille de l'Air, Bienvenue sur notre belle Terre!!!
THE BEGINNING